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Impasse?

Qu’est ce qui bloque la reconstruction de la Capitale ?


Partie 2 de 3

Port-au-Prince, 9 juin 2011 – Tout le monde n’est pas satisfait du  plan de reconstruction du centre-ville basé sur la proposition de la Fondation Prince Charles / Duany-Plater-Zyberk (DPZ) et soutenu par le Ministre des Finances Ronald Baudin et le Conseil de Facilitation pour la Reconstruction du Centre-ville.

Dès que la déclaration d’utilité publique a été faite, les propriétaires ont protesté au travers d’entrevues et une pétition déplorant l’acte d’expropriation de leurs biens.

Dans une lettre publié dans Le Nouvelliste en novembre dernier, ils ont demandé au gouvernement de ne pas créer un « petit oasis » au cœur de Port-au-Prince en ignorant « les urgences de la zone métropolitaine dans son ensemble ».

D’autres ont demandé plus de transparence sur la façon dont la Fondation et DPZ avaient été choisis.

AKJ a demandé à la Fondation de répondre à des questions simples, ce qu’elle a accepté. Cependant quand Joanna Hindley, la responsable de la communication, a vu les questions – dont certaines étaient liées au contrat, les consultations et au choix de DPZ – elle a répondu qu’elle ne serait pas en mesure de «  répondre à toutes les questions en raison de la clause  de confidentialité du contrat »  et après a cessé tout contact avec les journalistes.

 Le plan de la Fondation se fonde sur  des « villages urbains » pour gens de  la « classe moyenne » – ce qui pourrait être des condos avec leurs parcs, eau et électricité privés, selon Hank Dittmar, directeur général de la Fondation, cité dans une colonne du Washington Post daté du 13 mars  et repris par la presse un peu partout aux Etats-Unis

Un des exemples d'une «village urbain».

Dans la même colonne, Andres Duany (Le “Z” de la DPZ) a déclaré que le plan d’ensemble permettrait aux gens de Port-au-Prince de « circonvenir…  l’incompétence notoire de la municipalité «  de Port-au-Prince.

Les commentaires de Duany ont irrité au plus haut point le « premier citoyen » de la ville qui doutait déjà  de la proposition de la Fondation/DPZ.
 
«  La municipalité de Port-au-Prince a suspendu toutes les  relations avec la Fondation il y a de cela 2 mois » selon les propos du Maire Jason dans une entrevue par courriel du mois dernier.

S’exprimant lors de la réunion du 19 mai avec les propriétaires, le maire a noté qu’il était fatigué de la domination étrangère dans le processus de reconstruction.

Le maire de Port-au-Prince, Muscadin Jean-Yves Jason, s'exprimait lors
d'une réunion du 19 mai avec les propriétaires du centre-ville.
Extrait d'une
vidéo de l'événement.

«  J’ai cessé de faire le compte de tous les  forums et de toutes les  conférences internationales sur Haïti et en particulier ceux sur la reconstruction » a-t-il indiqué.

« Quelle a été l’implication réelle des Haïtiens, et surtout des citoyens haïtiens dans ce processus? Ils disent toujours qu’Haïti est présente par l’intermédiaire des représentants du gouvernement. Peut-être ? Mais quelle est la proportion des  acteurs haïtiens, en comparaison avec les autres ? a-t-il poursuivi ».

 Un Plan Haïtien

Même avant ses différends avec le plan de la Fondation, Jason avait demandé à un cabinet d’architectes,  Groupe Trame  de Pétion-Ville et un groupe associé, Centre Haïtien de Recherche en Aménagement et Développement (CHRAD), de commencer à travailler sur un plan du centre-ville qui ferait éventuellement parti d’un « Schéma de Cohérence Territoriale » (SCOT).
 
Selon Jason et le président du CHRAD, Jean Lucien Ligondé, les travaux effectués à date sont gratuits. (Toutefois, le Groupe Trame est dans la course pour le contrat de $11 million de dollars US pour la construction du nouveau complexe de la Mairie de Port-au-Prince selon Jason et Le Nouvelliste).

Une vue de "l'avenue des ministères," présentée par le Groupe Trame /
CHRAD le 19 mai.

Lors de la réunion du 19 mai, Jason a dit aux propriétaires que le plan de la Fondation avait de nombreuses lacunes, comme indiqué dans l’évaluation du Groupe TRAME/CHRAD obtenu par le AKJ.

Entre autres critiques, «  la proposition d’aménagement a été élaborée… sans que rien ne laisse supposer qu’il y a eu une enquête de terrain et ne peut en aucune façon être considérée comme une base de réflexion voire d’aménagement… pour le centre-ville de la capitale » signale le document.

En revanche, Trame et CHRAD affirment que leur plan est basée sur des centaines de pages de rapports de diagnostic (sociologiques, économiques, drainage) qui prend en compte des réunions participatives.

Au cours de la réunion du 19 mai, la Directrice du Groupe Trame, Elisabeth Coicou a montré des diapositives et a  parlé de leur proposition qui garantirait la « mixité » des logements (bas e  moyens revenus), zones d’aménagement touristiques (quartiers d’artistes), et une revalorisation du bord de mer.

Elisabeth Coicou parle sur la vision Groupe Trame pou le centre-ville
de Port-au-Prince le 19 mai 2011.

S’adressant à AKJ à la fin mai, Ligondé du CHRAD a déclaré que son salaire et celui de ses collègues provenaient d’autres projets  ou via TRAME, qui avait travaillé inlassablement sur la proposition relative a Port-au-Prince parce que « nous voulons montrer qu’il y a des haïtiens capables de réfléchir sur la reconstruction du pays ».

Trame/CHRAD et la Municipalité ont demandé aux participants à la réunion du 19 mai – représentants des plus grandes entreprises d’Haïti et des familles de l’élite, qui ont dominé le pays pendant des décennies – de former des commissions qui considéreraient 5 défis associés au plan des propriétaires fonciers, la sécurité, le financement, le zonage et le déplacement du port commercial loin dans le nord du centre-ville.

Coicou a expliqué a Ayiti Kale Je : « Nous voulons qu’ils participent: quelle est votre vision, comment voyez-vous la nouvelle capitale ? »

Mais il ya d'autres visions en cours de planification. Et qui a le droit de participer?

Voir la partie 3

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